Et si l’angoisse de tomber en panne de batterie devenait un lointain souvenir ? Une nouvelle offensive venue de Chine, portée par le constructeur Changan, pourrait rebattre les cartes du secteur. Ce géant historique, peu connu sous nos latitudes, ambitionne de lancer d’ici 2027 une voiture électrique capable de parcourir 1 500 kilomètres d’une seule traite. De quoi traverser la France en diagonale, sans même penser à s’arrêter recharger. Un bond technologique qui mérite qu’on s’y attarde.
Une autonomie record qui change la donne
Imaginez partir de Paris, traverser les Alpes et rejoindre Rome sans jamais passer par une borne de recharge. C’est exactement le type de scénario que Changan veut rendre possible grâce à sa technologie de batterie à l’état solide, dont les tests débuteront fin 2025. L’objectif : une mise en production à grande échelle dès 2027.
L’autonomie de 1 500 kilomètres repose sur une densité énergétique de 400 Wh/kg, bien supérieure aux 250-300 Wh/kg que l’on retrouve aujourd’hui dans les batteries lithium-ion. Concrètement, cela signifie plus de distance parcourue pour un même poids et un volume réduit. Pour celles et ceux qui comme moi ont déjà ressenti cette appréhension en voyant le niveau de batterie fondre sur autoroute, cette promesse fait rêver. Une autonomie pareille, c’est la liberté retrouvée.
Les batteries solides : plus sûres et plus efficaces
Au-delà de l’autonomie, les batteries à l’état solide offrent une série d’avantages que les experts saluent depuis plusieurs années. Moins de risques d’incendie – un enjeu crucial après les nombreux incidents rapportés avec des batteries lithium-ion –, une durée de vie prolongée, et une charge plus rapide : sur le papier, c’est un sans-faute.
Changan affirme avoir franchi une étape décisive en résolvant les problèmes de formation de dendrites, ces micro-aiguilles qui peuvent endommager les batteries traditionnelles. En remplaçant l’électrolyte liquide par un électrolyte solide, le constructeur élimine la principale source d’instabilité des batteries actuelles. D’après l’Université de Stanford, ce type de batterie pourrait réduire de 50 % le coût d’un cycle de recharge sur le long terme.
Un vétéran chinois en pleine renaissance électrique
Peu de gens en Europe connaissent vraiment Changan, pourtant l’entreprise existe depuis 1862. Ce fleuron de l’industrie chinoise a longtemps construit des véhicules pour l’armée avant de se lancer dans l’automobile civile. Aujourd’hui, il fait partie du « top 4 » chinois aux côtés de SAIC, FAW et Dongfeng, et ambitionne de devenir un leader mondial de l’électromobilité.
La Chine mise lourdement sur l’innovation en matière de technologie de batterie, soutenue par des politiques publiques très incitatives. Dans cette course, Changan semble suivre l’exemple de BYD – un autre mastodonte chinois – en intégrant la recherche, la production et le développement dans une même stratégie. Le tout avec une clarté inhabituelle sur le calendrier et les objectifs.
Un calendrier audacieux, une pression sur la concurrence
Voici le plan que Changan a dévoilé pour déployer sa batterie révolutionnaire :
- Fin 2025 : premiers tests sur véhicules prototypes
- 2026 : phase de validation, tests en conditions réelles
- 2027 : lancement commercial à grande échelle
En comparaison, Toyota vise une production de masse pour 2028, tandis que Nissan et Mercedes-Benz parlent plutôt d’horizon 2030. L’avance de Changan n’est donc pas anodine. Si ce calendrier tient, il pourrait bousculer la hiérarchie mondiale du secteur. En tant que conducteur, je me demande combien de temps il faudra avant de voir ces modèles sur nos routes… et surtout, à quel prix.
Des défis techniques encore à relever
Évidemment, tout n’est pas joué. Produire des batteries à l’état solide en série reste un défi industriel colossal. Il faut notamment résoudre la question de l’interface électrode-électrolyte et maîtriser la fabrication à grande échelle de matériaux solides aux propriétés encore instables.
Mais si Changan réussit là où d’autres peinent encore à valider leurs prototypes, cela pourrait marquer un tournant historique. Un peu comme le passage du téléphone fixe au smartphone. En attendant, les regards du monde entier – y compris ceux des ingénieurs de Tesla, Hyundai et BMW – sont braqués sur cette ambitieuse promesse chinoise.




