Suisse : le « droit à la prise » pour relancer l’électrique

Je me rappelle d’un ami genevois qui, vivant en immeuble ancien, rêvait d’une voiture électrique. Chaque fois qu’il évoquait l’installation d’une borne de recharge, il se heurtait à un obstacle : l’accord de toute la copropriété. Ce frein administratif concerne 77 % des Suisses, locataires ou copropriétaires, et retarde considérablement le passage à la mobilité électrique.

Un cadre réglementaire attendu pour débloquer l’électrification

Les deux chambres du Parlement suisse ont adopté une motion plaçant le gouvernement devant un défi : définir par loi ou ordonnance ce nouveau droit à la prise, qui oblige les bailleurs et syndicats de copropriété à accepter l’installation d’une wallbox. Inspirée du modèle français, cette réforme vise à simplifier et accélérer les procédures, évitant aux candidats à l’électrique de négocier à chaque renouvellement de bail ou assemblée générale.

Des acteurs engagés depuis une décennie

Depuis plus de dix ans, Swiss eMobility milite pour lever ces barrières juridiques. Son directeur, Krispin Romang, rappelle qu’« un automobiliste ne peut véritablement se convertir à l’électrique sans recharge à domicile ». L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a chiffré le manque d’infrastructures dans les parkings collectifs : seules 10 % des places sont équipées. Avec le droit à la prise, ces chiffres pourraient bondir, offrant un coup de pouce décisif à la transition énergétique sous l’égide de la Confédération.

Les résistances face au changement

Certains propriétaires redoutent une « atteinte à la garantie de leur bien » ou s’inquiètent des coûts de câblage et de renforcement électrique. D’autres craignent que la pose d’une borne grève les charges communes. En réponse, les partisans du projet rappellent l’exemple des stations-service, autrefois impensables en ville, et soulignent l’intérêt collectif : favoriser l’émergence d’un réseau de recharges facile d’accès, et ainsi rendre l’électrique accessible à tous.

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Impact sur l’adoption des véhicules électriques

Aujourd’hui, 80 % des recharges s’effectuent à domicile. Sans cette commodité, la moitié des locataires renoncent à acheter un véhicule électrique, selon une enquête de l’Institut suisse des transports. Le nouveau droit pourrait donc déclencher un cercle vertueux : bornes multiples, acheteurs rassurés, incitations des constructeurs et développement rapide des infrastructures.

Comparaison avec le modèle français

En France, le droit à la prise est en place depuis 2014 : tout locataire ou copropriétaire peut demander l’installation, à ses frais, sans alourdir les charges communes. Un délai de réponse de trois mois est imposé à l’assemblée, et des subventions françaises couvrent une partie du coût. Fort de ce retour d’expérience, Berne peut adapter les points jugés trop lents ou complexes et créer un système suisse plus fluide et équitable.

Julien
Julien